Oran - Sidi El-Houari: Détresse à la rue de la Vieille Casbah

Rue de la Vieille Casbah, à Sidi El-Houari. Une rue dont l'appellation pourrait inspirer tant de poètes et de romanciers. On imagine assez facilement ses passages étroits, la joie de vivre de ses habitants, ses bâtisses à l'architecture mauresque, ses couleurs vives, ses odeurs épicées.

On pourrait même entendre les cris de ses enfants respirant la jeunesse en courant dans ses escaliers sinueux. La vérité est que la rue ne garde de romantique que l'appellation. Ses passages sont obstruées par les blocs de pierre et par les mauvaises herbes. Ses habitants sont miséreux, ses bâtisses en ruine, ses couleurs sont ternes, ses odeurs donnent la nausée. Ses enfants ont perdu leur innocence. Ils pourraient vous parler des heures durant, avec la sagesse d'un vieillard, de leur vécu.

Leur seul rêve, c'est d'avoir un logement qui offre chaleur et sécurité, où ils ne risquent pas de se faire ensevelir à chaque coin, à chaque pas qu'ils posent. En 2001, les habitants de deux immeubles de cette même rue ont vu ce rêve se concrétiser. L'opération devait se poursuivre pour concerner l'ensemble des immeubles de la vieille Casbah. Il n'en fut rien. Car, entre temps, d'autres gens, dans d'autres quartiers, venus d'autres villes, ont dû, dans l'urgence, être relogés, se rappelle une mère de famille habitant l'immeuble numéro 11 de la Vieille Casbah.

Il y a en tout une quinzaine d'immeubles dont les occupants crient leur détresse. Les derniers séismes enregistrés ont laissé leurs séquelles sur les murs et dans les esprits. C'est la psychose, ou presque. Pris en tenaille entre une montagne rocheuse surplombée par un autre vieux quartier qui s'effrite, « la caserne » et un terrain glissant, en perpétuel mouvement, les bâtisses manquent de stabilité. Et ça se voit.

A l'intérieur des maisons, les meubles ont tous de fausses équerres. Ce n'est pas un défaut de fabrication. Ce sont les lois de la géométrie qui sont différentes. Les services communaux du secteur urbain de Sidi El-Houari sont constamment saisis pour intervenir sans le moindre résultat. Les habitants en appellent au président de la République, car pensent-ils, « les responsables ont d'autres critères de relogement ».

Par le Quotidien Oran, H. Barti. Le 31 Juillet 2008.