Le projet-pilote à l’échelle nationale pour la restauration du patrimoine historique et du vieux bâti, notamment celui datant de l’ère coloniale qui va être incessamment lancé à Oran, est le chantier de l’heure avec des enjeux économiques, sociaux plus un volet formation, comme attesté lors d’une rencontre qui a eu lieu récemment au centre des conventions d’Oran (CCO).
Afin de mesurer l’ampleur de la tâche et surtout du coût d’une telle opération à l’échelle de tout une ville, car il faut parler aussi d’argent, il faut garder à l’esprit que sur le seul boulevard du Front de mer, véritable vitrine, 35 immeubles regroupant 645 logements vont être ainsi restaurés pour la somme de plus de 6,775 milliards de centimes.
Sur les autres grands boulevards comme celui de la Soummam où encore les rues Mohamed Khemisti et Larbi Ben M’hidi, 336 immeubles sont retenus totalisant 6 607 logements pour un montant de plus de 82 milliards qui est encore avancé.
C’est un fonds spécial décidé et débloqué par le président de la République qui va permettre la mise en chantier de cette expérience jamais encore réalisée en Algérie, de par son ampleur et surtout de par la conduite du projet, comme expliqué par le wali d’Oran.
En effet les autorités locales font faire jouer la concurrence entre des pays et des experts en matière de restauration. Pour l’instant, des conventions ont été signées avec des Italiens, des Espagnols et des Français alors que des Américains se sont positionnés récemment.
Par delà le débat lancé entre professionnels, spécialistes et autres architectes, sur les différentes écoles et techniques de restaurations à appliquer à Oran et que chacune des sociétés étrangères compte défendre, ce sont aussi leur capacité à répondre à l’une des clauses qui sera déterminante au final.
En effet, alors que les responsables ont exigé la restauration d’un immeuble-type à titre gracieux à l’effet de mesurer les capacités des experts des trois pays européens en lice sus mentionnés, la signature de conventions pour des formations est aujourd’hui incontournable. Cela devrait permettre d’ouvrir des perspectives très enrichissantes pour les jeunes Oranais et les étudiants en architecture qui seront retenus dans les chantiers écoles qui vont être installés dans le cadre de ce projet pilote.
Le spécialiste de renommée international, l’Italien Giovani Brino, qui a donné une conférence sur l’expérience italienne et qui est présent avec un chantier pilote déjà lancé à Oran, a estimé que le centre-ville d’Oran renfermait une variété et une authenticité unique en matière de patrimoine immobilier ancien : “Votre grand avantage demeure en l’état même si ce patrimoine est très dégradé, c’est qu’il n’a pas été démoli et que l’enjeu est de le faire renaître avec son environnement authentique”, dira-t-il. À noter que ce sont 2 à 3 % des immeubles classés en vieux bâti qui devront faire l’objet d’une démolition alors que tous les autres sont ouverts au marché de la restauration.
Liberté - Le 7 Mai 2012.