Ce café nommé désir.
Dans le cadre des semaines gastronomiques, l’hôtel Sheraton d’Oran a organisé avant-hier, une importante conférence sur le café. C’est M. Pierre Massia, président du comité directeur des cafés Malongo qui a animé cette activité. Ancien gérant de l’entreprise des cafés Nizières en Algérie dans les années soixante, ce Français natif d’Oran est considéré comme une référence dans le domaine de la dégustation de cette cerise de toutes les arômes.
La rencontre a été marquée également par une sympathique cérémonie de dégustation des meilleurs crus du café et chocolat dédiée entièrement aux gourmands et gourmets. Produit convivial par excellence, le café, pour ceux qui ne le savent pas, est le deuxième produit des échanges commerciaux après le pétrole et avant l’acier et le blé. C’est aussi 1 milliard de tasses tous les jours.
Certes, son histoire se perd dans la nuit du temps mais comme l’a expliqué Pierre Massia dans une intervention qui lui a valu beaucoup d’applaudissements parmi les participants, mais il tient ses origines du lac Victoria, des sources du Nil, du passé de l’Ethiopie et surtout du Yemen, d’où le nom Arabica. Il faut dire que le monde contemporain doit beaucoup à Ibn Sina, notamment dans son livre de philosophie des lumières, les causes de la médecine qui préconisent le café comme médicament. Mais le café, cet aussi des conquêtes.
Ainsi, l’histoire du café, comme le précise l’orateur, a commencé à Aden, puis Médine, La Mecque, Alexandrie, Alep, Damas, puis Istamboul, avant de s’étendre sur tout le bassin méditerranéen. Pour l’histoire, il faut sans doute retenir que le premier lot de café a été distribué vers 1615 avant de franchir d’autres frontières... Il faut attendre l’an 1644 pour que ce produit exotique atterrisse à Marseille.
M. Massia, en sa qualité d’expert, soutient que ce n’est qu’en 1669 qu’il pénètre Paris. Mais le café, c’est la vie, la mémoire : les grands cafés du monde, c’est aussi ces lieux de mémoire comme Le Procope à Paris, à la rue de l’Ancienne comédie. Le Florient à Venise( Italie), le Gréco à Rome, El Puebo à Madrid, le Musée de Pacques à Londres enfin d’autres établissements classés comme TzourBlower Hashe à Vienne.
De cœur d’Oranais, l’orateur explique que le café c’est aussi des habitudes. Une affaire de cœur, de savoir surtout. On a coutume de dire, à Oran, apportes du café aux invités ou encore portes le café au bureau. Le conférencier, qui préfère ne pas porter de jugements sur certaines variétés, avoue son penchant pour l’Arabica qu’il préfère à tasse claire. Dans la foulée, il expliquera les différentes étapes de la culture et de la fabrication du café.
Un produit qui a énormément de vertus, et dont les qualités sont nombreuses. Il est même recommandé contre le mal de tête. «On dit souvent que l’Expresso est le meilleur remède contre la migraine», dit-il avec sourire. Cependant, si le café orne l’esprit, il est toujours conseillé de le prendre avec modération. Le café est certainement un digestif, il nettoie les reins. Quant à la qualité du café, c’est selon le goût de chacun.
Comme quoi, il faut l’adapter à chaque désir... M. Massia a affiché sa disponibilité entière à organiser des séances de formation et prodiguer des conseils à des torréfacteurs à chaque fois que cela sera possible.
Par Tahar Safi Z. - La Voix de l'Oranie, le 19 avril 2006